ALFRED VELPEAU (1795-1867)

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Rédacteur de la notice: PJ

VELPEAU Marien, dit Alfred Armand Louis Marie

Né à Brèches (Indre-et-Loire) le 29 floréal an III (18 mai 1795) ; décédé Paris (7e arr.) le 24 août 1867.

Chirurgien

Le père d 'Alfred Velpeau, Marien Velpeau, maréchal-ferrant, s'aide d'ouvrages de médecine pour soigner les animaux, et parfois les personnes. Alfred Velpeau apprend à lire et écrire avec le curé de son village et un vieux maître d'école. Avec l'argent de la vente des châtaignes récoltées en menant aux champs le bétail familial, il complète la bibliothèque de son père en achetant le Traité des maladies des artisans et le Médecin des pauvres. Il veut soigner une jeune fille de sa folie en lui administrant une macération de racines d'hellébore : la patiente n' échappe la mort que grâce à une purge administrée par Laurent Bodin, médecin de Saint-Paterne (Indre-et-Loire), village voisin. Sur la recommandation de Bodin, le jeune Velpeau est pris en charge par Emmanuel de la Rüe du Can, châtelain de Chérigny (commune de Chenu, Sarthe) qui lui permet de partager l'éducation dont bénéficient ses propres enfants.

Le 28 avril 1816, Bodin présente Velpeau Vincent Gouraud, chirurgien en chef de l'hôpital de Tours, qui le recommande Pierre-Fidèle Bretonneau; ce dernier le prend dans son service comme premier élève. Velpeau suit l'enseignement de son maître, profite de sa démarche anatomo-clinique et l'accompagne pour des autopsies clandestines dans les cimetières. Il obtient le grade d'officier de santé en 1819 et complète son instruction Paris sur le conseil de Bretonneau. Il devient prosecteur « avec huit élèves payants » pour des leçons d'anatomie dans le service de Jules Cloquet (1790-1883), chef des travaux d'anatomie l'hôpital Saint-Louis et fils de l'un des meilleurs amis de Bretonneau. Une bourse de 200 F lui permet de vivre chichement. Il est bachelier ès lettres le 21 mai 1820, gagne un double prix d'anatomie et de physiologie en 1821 et devient premier aide de Charles Bougon (1779-1851), le chirurgien du duc de Berry. En 1822, il obtient un poste d 'aide d 'anatomie et soutient le 27 mai 1823, sous la présidence de René Théophile Hyacinthe Laënnec, une thèse intitulée Remarques sur les fièvres intermittentes, la teigne, les altérations du sang et la compression. Reçu à  l'agrégation de médecine qui vient d'être créée, il entre à la faculté de médecine de Paris. Dès 1825, il publie un Traité d'anatomie chirurgicale, puis l'Anatomie du praticien. Dans les notes et mémoires qu'il rédige pour l'Académie de médecine et les Archives générales de médecine, il défend vigoureusement les idées de Bretonneau et diffuse ses découvertes, particulièrement le tube capillaire pour transporter la pulpe vaccinale ainsi que la bande élastique que ce dernier a décrite dans sa thèse de médecine pour lutter contre l'inflammation, selon le principe de compression qui prévalait à l'époque.

Reçu en 1828 au concours de chirurgie des hôpitaux de Paris, il devient chirurgien de l'hôpital de la Pitié. Malgré une liste de plus en plus importante de publications, il échoue plusieurs fois à obtenir une chaire à la faculté de médecine. Il est élu à l'Académie de médecine en 1832 et prend possession du service de chirurgie de l'hôpital de la Charité en 1834, fonction qu 'il garde jusqu'à sa mort. Ses cours « cliniques » sont très suivis. Grand pédagogue et vulgarisateur, il est apprécié pour ses éblouissantes synthèses appréciées tant par ses  étudiants que par ses contemporains, en France et à l'étranger. Sceptique au début de sa carrière à propos de I'anesthésie (" éviter la douleur dans les opérations est une chimère qu'il n'est plus permis de poursuivre aujourd'hui"), il est converti par les succès obtenus avec l'éther, puis avec le chloroforme, et à son tour parvient à convaincre Dominique-Jean Larrey et Joseph-François Malgaigne. Auteur particulièrement fécond, il publie des ouvrages dans les domaines de l'embryologie humaine, des trépanations, de l'art des "accouchements ou tocologie théorique" , des "maladies du sein et de la région mammaire", un Manuel d'anatomie, générale, chirurgicale et topographique, etc. Il est réputé pour son sens aigu de l'observation, la précision de son diagnostic et la qualité du suivi de ses patients.

En 1834, il est enfin nommé professeur de clinique chirurgicale, mais conserve une clientèle privée. Il entre à l'Académie des sciences en 1843, consécration d'un travail acharné. En 1863, il est nommé président de l'Académie de médecine, section médecine et chirurgie après en avoir été un an vice-président. Il reçoit de nombreuses lettres et distinctions des rois, chefs d'états et des présidents de sociétés savantes du monde entier. Sa renommée est internationale ; il membre de nombreuses universités et société savantes étrangères.

En 1852 ou 1854, il revient à Brèches, sur les lieux de son enfance, et finance la reconstruction de l'église qui tombe en ruines (Aron, 1994). Il meurt en 1867 d'une « mauvaise grippe » et ses obsèques à l'église Saint Thomas d'Aquin et au cimetière Montparnasse à Paris réunissent une foule considérable. Il laisse une œuvre écrite très abondante : plus de trois cent quarante titres de publications ou travaux originaux dont un certain nombre sont traduits en anglais.

Une place de Tours portant son nom a été inaugurée le 16 septembre 1867 et un monument dédié à Velpeau a fait l'objet d'une cérémonie le 11 juillet 1897 à Brèches. Le tableau peint par Peyen-Perrin : La leçon d'anatomie de Velpeau à la Charité, exposé à Paris au salon de 1864, l'est maintenant au musée des Beaux-Arts de Tours. Velpeau est également représenté sur l'un des trois médaillons en bronze (les deux autres représentant Bretonneau et Trousseau) présents dans le hall  d'entrée de la faculté de médecine de Tours. Alfred Velpeau a épousé Marie Adélaide Queesneville le 15 mars 1832 à Paris (10e arr.).

VELPEAU A., Dissertation sur les généralités de la chirurgie, et sur le plan à suivre d'un enseignement de cette  science, présentée au concours pour une chaire de pathologie externe à la faculté de médecine de Paris, le 11 mars 1831, Paris, 1831. - Id., Nouveaux éléments de médecine opératoire: accompagnés d'un atlas de 20 planches in-40, Paris, 1839, 3 vol. - Id., Recherches anatomiques, physiologiques et pathologiques sur les cavités closes, naturelles ou accidentelles de l'économie animale, Paris, 1843. - Id., Maladies de l'utérus, Paris, 1854.

ARON E., Alfred Velpeau (1795-1867), une carrière exceptionnelle, Hist. Sci. méd., t. 28, 1994, p. 101-107. - BOISSIÈRE 2015, 3 vol. - DREUILLE Th. de, Rayonnement international d'Armand Velpeau (1795-1867), chirurgien du XIXe siècle, à partir du fonds Velpeau de la Bibliothèque de médecine de I'université de Tours, Th. doct. Méd., Tours, 2007. - LIZAK G., Bio-bibliogaphie d'Alfred Louis Arnand Marie Velpeau (1795-1867), Th. doct. Méd., Paris, 1972. - PERRIN L, La médecine française : Armand Trousseau (1801-1867) Gaz. méd. Centre, t. 30, 1925, p. 22-35.