FULGENCE RAYMOND (1844-1910)

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Extrait du Dictionnaire des Scientifiques de Touraine, 2017
 

Rédacteur de la notice: Marc Rideau
 

RAYMOND Fulgence  

Né à Saint-Christophe-sur-le-Nais (Indre-et-Loire) le 29 septembre 1844, décédé aux Roches-Prémarie-Andillé (commune maintenant réunie à Andillé, Vienne) le 28 septembre 1910.
 

Médecin neurologue
 

Le père de Fulgence Raymond, Créon Raymond est un enfant abandonné à l'hospice de Tours le 12 mars 1814 ; sa mère, Justine Police, est née à Saint-Christophe-sur-le-Nais le 27 septembre 1820. Le couple exerce le métier de tisserand (d'après l'acte de naissance) et sans doute aussi celui de cultivateur selon la saison. Fulgence Raymond est leur fils unique.

Le temps des études et de la guerre

 
Remarqué par son instituteur, le jeune Fulgence s'oriente vers le métier de vétérinaire et fréquente l'École d'Alfort (Val-de-Marne) de 1861 à 1864. Premier de sa promotion, il est nommé officier-vétérinaire dans un régiment de cavalerie puis entre comme stagiaire à I'École de Saumur (Maine-et-Loire). En 1867, il revient à Alfort après avoir été reçu à un concours pour le poste de chef de service d'anatomie et de physiologie. Il complète sa formation secondaire, épouse Louise Rochut et passe les baccalauréats ès lettres et ès sciences.

Le couple vit pauvrement, mais Fulgence Raymond parvient à être admis en 1870 comme externe des hôpitaux de Paris. Il participe à l'ambulance accompagnant les combats sous les murs de Paris pendant la guerre de 1870. Pendant la Commune et sous les bombardements, il se charge de trouver un abri pour les patients de la Salpêtrière. Sa femme meurt de tuberculose le 24 septembre 1872 ; Fulgence devient interne des hôpitaux de Paris tout en s'occupant de sa fille.

Professeur de médecine

À l'internat, Fulgence Raymond s'attache à deux maîtres prestigieux, Alfred Vulpian (1826-1887) et Jean Martin Charcot (1825-1893) qui enseignent à la Salpêtrière : il y demeure pendant les quatre années réglementaires, et aussi une cinquième année auprès d'Alfred Vulpian du fait de la médaille d'or qui lui a été octroyée pour l'excellence de son travail en 1875. Après avoir soutenu une thèse intitulée Étude anatomique, physiologique et clinique de l'hémichorée, de l'hémianesthésie, et des tremblements symptomatiques en 1876, il est nommé chef de clinique en 1877, attaché au service du professeur Germain Sée à l'Hôtel-Dieu de Paris. Médecin des hôpitaux l'année suivante, il obtient en 1880 le titre de professeur agrégé de la faculté de médecine de Paris avec un mémoire intitulé De la puerpéralité. Il devient aussi médecin à l'hospice des incurables à l'hôpital Saint-Antoine, puis à l'hôpital Lariboisière en 1890. Le 25 août 1887, il épouse en secondes noces Marie-Louise Lodoiskaïa-Moreau à Andillé (Vienne).

Travaux scientifiques

Raymond rédige de très nombreuses communications traitant de médecine générale ou de maladies neurologiques. Parmi ses contributions figurent l'étude des névrites, des maladies spinales comme la syringomyélie, le tabes dorsalis et l'hémi-anesthésie. Il s'intéresse aux maladies familiales d'origine héréditaire et aux pseudotumeurs cérébrales, bénignes quant à leur évolution mais nécessitant une intervention chirurgicale pour éviter les pertes de vision par compression des centres optiques. Raymond est conscient que des paralysies peuvent survenir après des maladies infectieuses ou des affections abdominales comme l'appendicite, et certains de ses travaux préfigurent ceux de Georges Guillain et Jean Alexandre Barré.

En 1889, le ministre de l'Instruction publique le charge d'une mission scientifique en Russie, alors l'une des rares nations alliées de la France après la guerre franco-prussienne. Il en résulte une Étude des maladies du système nerveux en Russie dans laquelle il souligne l'importance accordée aux études de neurologie dans ce pays.

Successeur de Jean-Martin Charcot

En août 1893, Charcot meurt brusquement. Édouard Brissaud lui succède provisoirement dans la chaire des maladies du système nerveux à la Salpêtrière. Plusieurs candidats sont sur les rangs : Joseph Babinski "élève préféré de Charcot", Pierre Marie, Louis Landouzy, Jules Dejerine, Édouard Brissaud et Fulgence Raymond, mais seuls les trois derniers sont officiellement retenus.

Le 15 mars 1894, un jury les classe dans l'ordre suivant: no 1, Raymond ; no 2, Dejerine ; no 3, Brissaud. Décision critiquée à l'époque du fait du manque de charisme de Raymond, mais qu'on peut expliquer par son caractère conciliant, l'absence d'ennemi et sa grande conscience professionnelle (cf. Satran, 1974 et Tatu, 2011).

En 1895, Raymond entre l'Académie nationale de médecine ; il est l'un des fondateurs de la Société de neurologie de Paris en 1899. L'université d'Oxford le fait docteur ès sciences honoris causa en 1908 et il participe en 1909 au premier numéro du périodique Epilepsia avec un article intitulé La responsabilité et la condition sociale des épileptiques. Avec le psychologue Pierre Janet, du Collège de France, il publie des travaux sur l'hystérie, les névroses, les troubles psychosomatiques. Il forme de nombreux élèves, dont le propre fils de Charcot, l'explorateur Jean Charcot (1867-1936). En 1909, il est fait commandeur de la Légion d'honneur au titre du ministère de l' Instruction publique et des Beaux-Arts De santé fragile depuis 1886, il doit arrêter son travail pendant six mois à la suite d'une endocardite en 1899. Les crises d' angine de poitrine deviennent fréquentes en 1910 et il doit se reposer en 1913 à l'issue d'un concours d'agrégation éprouvant qu'il a tenu à suivre jusqu'au bout comme membre du jury : il meurt quelques jours plus tard au château de La Planche d' Andillé près de Poitiers (Vienne). Son village natal fait ériger un monument en son honneur le 5 octobre 1913.


RAYMOND F., Conférences de clinique médicale faites l'Hôtel-Dieu, Paris, 1883. - Id. et GUILLAIN G., La névrite ascendante consécutive à l' appendicite, Semaine médicale (Paris), t. 25, 1905, p. 85-87.


+ DUBREUIL-CHAMBARDEL L., Figures tourangelles. Fulgence Raymond Gaz. méd. Centre, t. 11,

1906, p. 225-228. — SATRAN R., Fulgence Raymond, the successor of Charcot, Bulletin of the New York Academy of Science, t. 50, 1974, p. 931-942. — TATU L., Édouard Brissaud, Fulgence Raymond and the succession of Charcot, dans BOGOUSSLAVSKY J., Following Charcot: a forgotten history of neurology and psychiatry, Frontiers of Neurology and Neuroscience, t. 29, 2011, p. 52-60.


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