RAPHAEL BLANCHARD (1857-1919)

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Extrait du Dictionnaire des Scientifiques de Touraine, 2017

Rédacteurs de la notice: Hervé Watier, Marc Rideau

BLANCHARD Raphaël Anatole Émile 

Né à Saint-Christophe-sur-le-Nais (Indre-et-Loire) le 28 février 1857 ; décédé à Paris (8e arr.) le 7 février 1919.

Médecin parasitologue 

René-Marie Blanchard, rédacteur au ministère des Finances et poète à ses heures, meurt en 1858 à Cauterets (Hautes-Pyrénées), âgé de vingt-six ans. Son fils unique, Raphaël Blanchard, alors âgé d'un an, est élevé à Saint-Christophe-sur-le-Nais par sa mère, Antoinette Mançais, au numéro 11 de l'actuelle rue Chaude, dans la propriété des grands-parents maternels voisine de celle de la famille Raymond.

Études

Après une scolarité en Touraine, Raphaël Blanchard est étudiant à la faculté de médecine de Paris en 1874. Également passionné par les sciences naturelles, il entre en 1876 à l'École pratique des hautes-études, dans le laboratoire d'histologie zoologique dirigé par Charles Robin. Il devient préparateur de Georges Pouchet qui l'initie à la tératologie expérimentale. Le 8 juin de la même année, malgré son jeune âge, il est l'un des membres fondateurs de la Société zoologique de France (il en est secrétaire général de 1879 à 1900). Une bourse d'étude du conseil municipal de Paris lui permet de se former à l'anatomie comparée et à l'embryologie dans les universités de Vienne (Autriche), Leipzig (Allemagne), Berlin (id.) et Bonn (id.) au cours de l'année scolaire 1877-1878. À son retour en France, il occupe une charge de répétiteur du cours de physiologie générale à l'Institut national agronomique à Paris en 1879 et jusqu'en 1883 une place de préparateur dans le laboratoire de physiologie de Paul Bert, à la Sorbonne. Une nouvelle bourse en 1880 Ie missionne pour étudier les méthodes d'enseignement des sciences biologiques dans les universités allemandes, russes, finlandaises, suédoises, norvégiennes et danoises. Il est reçu docteur en médecine la même année avec une thèse intitulée De l'anesthésie au protoxyde d'azote préparé selon la méthode de M. le professeur Paul Bert. Deux ans plus tard, il est licencié ès sciences.

Carrière professionnelle

En 1883, la faculté de médecine de Paris nomme Raphaël Blanchard comme professeur. Il y enseigne la zoologie médicale jusqu'en 1887 en assurant aussi un cours d'histoire naturelle dans les lycées parisiens Louis-le-Grand (1881) et Saint-Louis(1881-1884), un cours d'anthropologie biologique à l'École d'anthropologie de Paris (1884-1886) et une suppléance partielle du cours de physiologie à l'Institut national agronomique (1886-1890). Cette charge de travail ne l'empêche pas d'écrire un Traité de zoologie médicale en deux volumes (1886-188 et avec Paul Bert des Éléments de zoologie (1888) à l'usage des lycéens. Il est aussi membre des Sociétés de biologie, de géographie, de médecine publique et d'hygiène professionnelle, d'arbitrage entre nations. Il publie de nombreux articles dans le Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales. En 1889, il l'un des fondateurs du Congrès international zoologie qui se réunit tous les trois ans. Il est secrétaire général du premier congrès à Paris, vice-président second à Moscou (Russie) en 1892 et du cinquième à Berlin (Allemagne) en 1901, président d'honneur du troisième à Leyde (Pays-Bas) en 1895. En 1894, son dossier de candidature à l'Académie de médecine est soutenu par le parasitologue Alphonse Laveran, et les deux hommes publient ensemble en 1895 (année où Blanchard est décoré de la d'honneur) un ouvrage en deux tomes intitulé Hématozoaires de l'homme et des animaux. L'année suivante, le cours de microbiologie qu'il suit à l'Institut Pasteur ancre ses recherches en pathologie parasitaire humaine. Nommé titulaire de la chaire d'histoire naturelle médicale à la faculté de médecine de Paris en 1897, il transforme l'enseignement de botanique en celui de parasitologie (il obtient le changement officiel en 1906). En 1898, il fonde les Archives de Parasitologie et en 1902 la Société française de l'histoire de la médecine. La même année, il publie Climat, Hygiène et maladies et crée en annexe de la faculté de médecine de Paris , l'Institut de médecine coIoniale, associé à un hôpital, pour donner une formation en parasitologie tropicale aux médecins souhaitant exercer à Madagascar et en Indochine. En 1905 paraissent les six cent soixante-treize pages de son Histoire naturelle et médicale des moustiques. En 1909, Raphaël Blanchard adhère à la Société de pathologie exotique. De 1912 à 1919, il exerce le secrétariat de l'Académie de médecine et pendant la guerre, il fonde la commission du paludisme du ministère de la Guerre présidée par Alphonse Laveran. Il meurt en pleine activité, à presque soixante-deux ans, après des complications cardiaques de la grippe.

Travaux de recherche

La bibliographie scientifique de Raphaël Blanchard comprend plus de deux cent cinquante ouvrages et notes dont beaucoup sont publiées dans des périodiques importants. En physiologie, il étudie la respiration, la biologie des animaux à sang froid (Recherches sur la physiologie des reptiles, avec Paul Regnard), la production de substances colorantes par divers invertébrés. En zoologie et anatomie comparée, on lui doit la découverte de muscles striés chez les mollusques et l'utilisation de I'acide osmique pour la conservation des protozoaires. Il examine les chromatophores des céphalopodes, la structure de la peau des serpents, les glandes cloacales des batraciens, les coccidés, la stéatopygie des femmes boschimanes... La nomenclature des animaux est l'une de ses préoccupations majeures lors des deux premiers congrès internationaux de zoologie (Rapports sur la Nomenclature des êtres organisés, 1889 et 1893). Il décrit aussi des anomalies pathologiques (par exemple, Sur les lésions des os dans l'ataxie locomotrice, 1879 ; la septième côte cervicale de l'homme, 1885), ce qui le rattache au monde des variations anatomiques et de l'anthropologie de Paul Broca (1824-1880). Il est proche d'Anatole Félix Ledouble* (1848-1913). C'est surtout en parasitologie qu'il obtient ses résultats les plus significatifs, devenant un spécialiste universellement reconnu des taenias et des Hirudinées avec ses Notices helminthologiques et de nombreux articles décrivant plusieurs espèces (il s'est marié en Dauphiné et a étudié particulièrement les sangsues des des hauts plateaux des Alpes). Outre cette activité scientifique, Raphaël Blanchard dessine une grande quantité de cadrans solaires des Alpes. Plusieurs décorations viennent le récompenser: il est grand officier de Saint-Stanislas et de Danilo, commandeur de la Couronne d'Italie, de Saint-Sava, du Michan Iftikhar, de l'Etoile d'Anjouan, du Libérateur, officier de l'Instruction publique, du Mérite agricole, de Saint-Jacques du Portugal, chevalier du Cambodge. Il fut des fondateurs et il a été le premier président de la société de l'histoire de la médecine. Il n' oublie pas la Touraine il est membre du comité de parrainage de la Gazette médicale du Centre et Il préside la séance de rentrée de l'école de médecine et de pharmacie de Tours en 1912. Sa ville natale a dressé son buste en bronze, œuvre du sculpteur Puech, en 1924 sur la place de la mairie.


BLANCHARD Raphaël, Les universités allemandes, - Id., À propos des muscles striés des mollusques, Paris, 1883. Lamellibranches, Meulan, 1888.- Id., Les cadrans solaires : l'art populaire dans le Briançonnais, Paris, 1901. Id., L'Institut de médecine coloniale. Histoire de sa fondation. Arch. parasitol., t. 6, 1902, p. 588-603. - Id., Projet de réorganisation du service de la parasitologie à la faculté de médecine de Paris, Paris, 1909.

Institut Pasteur : fonds d'archives Raphael Blanchard.

BLANCHARD R., Notice sur les titres et travaux de M. le Dr Raphaël Blanchard, Lille, 1890. - Id., Compléments de la notice sur les titres et travaux, Paris, 1893. - DUBREUIL-CHAMBARDEL L., Raphaël Blanchard, Gaz. méd. Centre, t. 11, 1906, p. 33-35. - LAURENCIN 1990, p. 93 - TETBERT, A Saint-Christophe, le monument de Raphaël Blanchard , Gaz. méd. Centre, t. 29, 1924, p. 510-511. 

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