1771 - Mémoire de la Société d'Agriculture de Tours

Photos du document original (6 pages)

Mémoire du Bureau d'agriculture du Mans en prévision de l'installation des deux premiers vétérinaires du Maine: Augis et Le Boucher.

Transcription (orthographe modernisé)

Le Srs. Augis et le Boucher élèves de l'école vétérinaire devant retourner dans la province du Maine au mois d'avril prochain pour y exercer leur art, il s'agit de savoir quel sera leur établissement, de quel sort et de quels avantages on les fera jouir.
Cette question ne peut pas être indifférente puisque le traitement qu'on doit faire aux premiers élèves règlera celui de tous ceux qui par succession d'élèves (?) s'établiront dans la Généralité de Tours.
M. Bourgelat consulté sur la question par M. Ducluzel a répondu
1° que les élèves qui sortent des écoles avec l'approbation des directeurs obtiennent un brevet du Roi qui leur donne le droit de travailler partout de leur art.
2° que Sa Majesté après que les élèves ont concouru à trois prix de pratique accorde aux une une médaille d'or et aux autres une médaille d'argent avec permission de les porter toute leur vie à la boutonnière de l'habit.
3° que les élèves brevetés sont nommés dans les provinces de préférence aux places de garde-haras.[2]
4° que dans certains endroits les villes principales s'attachent ces élèves par des pensions. Il est cité un Capellé Gérard à qui Taboureau Intendant de Valenciennes a fait accorder une pension de 88 Livres.
5° que dans d'autres généralités on leur a accordé une certaine somme une fois payée pour les aider à faire leur établissement.
Sur le compte que M. l'Intendant s'est fait rendre des moyens proposés par M. Bourgelat pour conserver aux provinces les sujets sortis de ces écoles, il a pensé qu'ils n'étaient pas tous bons à employer indifféremment.
La pension par exemple est la récompense du mérite et des services rendus à une province ou à l'état, et ce serait en faire une mauvaise application que la donner à un artiste vétérinaire dont l'arrivée dans une province donne simplement l'espérance qu'il se rendra utile sans prouver des services passés.
D'ailleurs les élèves vétérianires venant à se multiplier par succession de temps, la charge qu'on imposerait à la province deviendrait immense et fort au-dessus de l'utilité des élèves. Pour que la pension soit justement appliquée, il faut non seulement qu'elle soit accordée aux services, mais même qu'elle devienne une [3] cause d'annulation pour la mériter (?). On ignore si M. l'Intendant de Valenciennes en a usé différemment, mais on ose dire qu'il aurait fait une faute s'il avait accordé la pension de 800 Livres au Sieur Gérard Saur (?) sans en gérer les conséquences.
Les places de garde-haras sont une occasion plus naturelle et moins onéreuse de rendre le sort des artistes-vétérinaires meilleur, mais il faut encore ménager la dispensation de ces places, autrement elles dégénèreraient dans l'abus de pension, parce que tous les artistes en arrivant dans la province compteraient sur une de ces places, et il faudrait alors en créer en aussi grand nombre qu'il ya aurait d'artistes.
Enfin la voie de donner une certaine somme à l'artiste vétérinaire pour contribuer aux frais de son établissement est une dépense nécessaire pour mettre l'élève en état d'exercer son art et de faire les profits qui rendront cet établissement plus solide en l'attachant à la province à laquelle il s'est dévoué.
C'est sur ces réflexions que M. l'Intendant s'est arrêté au parti de donner à chacun des Srs. Augis et Le Boucher une somme de 600 L en arrivant dans la province et en outre de leur accorder pendant trois années [4] (coupé) 400L. la première année 300 L. la seconde, et 200 la troisième, ce qui reviendra en toute à 1500 L. par élève. Comme on est convenu que ces artistes exerceraient l'art de la maréchalerie, ce secours paraît bien suffisant pour les soutenir dans le commencement d'un établissement toujours difficile et ils devront être dans la troisième année en état de vivre des profits de leur industrie.
M. l'Intendant avait pensé qu'il serait bon de faire rendre un arrêt du Conseil qui les autorisât à travailler du métier de la maréchalerie sans pouvoir être troublé par la Communauté des maréchaux sous prétexte qu'ils ne seraient pas reçus maîtres, mais les Srs. Augis et Le Boucher viennent de lui marquer en réponse qu'ils n'auront pas besoin de cet arrêt au moyen du Brevet qu'ils auront, et ils font par cette lettre les demandes suivantes:
1° que M. l'Intendant leur donne gratis les gros instruments nécessaires à leur état comme seringues, marmites à long bec, cautères, canules, trois quarts, sondes, etc., etc., plus quelques livres qui n'ont pas été compris [5] dans le nombre de ceux qui leur ont été déjà délivrés.
2° qu'il leur soit donné à chacun un uniforme neuf
3° ils attendent de plus les avantages et le traitement dont ils supplient M. l'Intendant de les faire jouir à l'exemple des autres artistes vétérianires.
Observation
Il serait peut-être bon avant d'accorder cette demande de savoir en quoi consiste la dépense des ustensiles et livres qui pourrait bien monter à 4 à 500 L.. A l'égard des uniformes on sait que le prix en est réglé à 50 L.
D'une autre côté, il peut y avoir de l'inconvénient à refuser cette satisfaction aux Srs. Augis et Le Boucher qui sont des sujets de distinction dans la classe des artistes vétérinaires. Le mécontentement qu'on leur donnerait sur ce point influerait peut-être sur le reste du traitement.[6]
Si par cette considération M. L'Intendant se porte à leur accorder la demande, la dépense de leur établissement montera lors à 2000 L. chacun au lieu de quinze cent Livres.