RÉSUMÉ ET ANALYSE DE LA REGLEMENTATION CONTRE LA PESTE BOVINE DE 1735 A 1776.

Mis en ligne le 07/12/19
https://blog.xn--archsantanimcomp-iqb.com/2019/12/resume-et-analyse-de-la-reglementation.html
Thème: Un manuscrit inédit de Claude Bourgelat.


Je présente plus bas un bref résumé des 15 textes de loi qui se sont succédé de 1735 à 1776 en France pour réglementer la lutte contre la peste bovine et j’essaie d’en dégager les lignes de force et les évolutions. Les textes eux-mêmes font l’objet du précédent billet.
Très brièvement, on peut présenter l’évolution des dispositions réglementaires françaises sur la police sanitaire de la peste bovine de 1735 à 1776 comme une lente, trop lente, conversion vers la mesure radicale que constitue l’abattage par troupeau (au lieu de l’abattage individuel des seuls malades), faisant suite, dans un premier temps, au renoncement au prestige attaché à l’art de soigner, et, dans un second temps, à la réalisation que le seul isolement des malades et des contaminés devient une gageure après qu’un certain stade d’extension géographique de la maladie a été dépassé. L’évolution des règlements est aussi l’expression des difficultés de la gestion par l’administration des ressources humaines et financières (fragmentation de la chaîne de commandement et insuffisance budgétaire) et de la prise en compte de la mentalité des acteurs de base qu’étaient les éleveurs et propriétaires d’animaux.
Malgré les immenses dégâts subis par les troupeaux français de la moitié est de la France dès la première vague épidémique de 1712-1717, les arrêts du conseil d’état se limitent dans un premier temps à interdire l’importation en provenance des pays infectés (1735) et à restreindre le périmètre du négoce des bouchers (1745). L’arrêt du conseil du 19 juillet 1746 est beaucoup plus ambitieux qui ordonne la déclaration, le marquage et l’abattage des animaux malades et qui restreint les déplacements et le négoce. Il est réactivé et complété 25 ans plus tard, le 31 janvier 1771 avec l’introduction du principe d’indemnisation des éleveurs déclarant précocement les animaux malades à l’autorité locale mais aussi d’amendes proportionnées à la gravité des infractions. Puis sous le ministère de Turgot et dans le contexte dramatique de l’épizootie du Sud-Ouest, les règlements se succèdent. C’est d’abord l’arrêt du décembre 18 décembre 1774 qui apparaît en recul par rapport à l’arrêt de 1771 puisqu’il n’ordonne que l’abattage des dix premiers animaux déclarés malades et ne les indemnise qu’au tiers de leur valeur L’insuffisance de cet arrêt est corrigé un mois plus tard dans l’arrêt du conseil du 30 janvier 1775 qui ordonne l’abattage de tous les bovins malades, toujours avec indemnisation au tiers. L’abattage par troupeau, incluant à la fois les malades et ceux, même sains, vivant à leur contact, fait une première timide apparition dans le second mémoire instructif de novembre 1775. Il concerne uniquement les foyers nouveaux de maladie dans ses paroisses éloignées des régions où la maladie sévit depuis un certain temps, avec indemnisation totale pour les animaux sains et au tiers pour les malades. Cette disposition est confirmée dans l’ordonnance du 10 janvier 1776 de l’intendant de Bordeaux puis elle est étendue à toutes les zones où l’épizootie règne dans sa nouvelle ordonnance du 14 février 1776.
Il faut toutefois noter que ces dispositions d’abattage par troupeau ont eu une application régionale mais elles n’ont jamais été inscrites dans un arrêt du conseil d’état ultérieurement. La législation postérieure a été en recul de ce point de vue jusqu’à l’extinction de la peste bovine en France à la fin du XIXè siècle.
Dans le prochain billet, je tenterai de faire une comparaison analytique entre le projet d’arrêt du conseil de Bourgelat et la législation antérieure en ne me limitant pas aux seules mesures d’abattage, aussi essentielles qu’elles aient été.
Voici l’analyse complète :